Kinshasa, 16 février 2025 ( New-messager-de-la-paix.net)-
Lors d’une conférence tenue samedi 15 février 2025, à Kinshasa sur le thème « Les rébellions armées dans l’histoire contemporaine du Congo », le Professeur Isidore Ndaywel a exprimé une préoccupation majeure : l’implosion de la République Démocratique du Congo (RDC). Contrairement à la crainte souvent évoquée d’une balkanisation, l’historien congolais souligne que la désintégration interne du pays constitue une menace bien plus imminente et dangereuse.
Une dépendance économique qui fragilise l’unité nationale
« Ce dont nous avons peur, ce n’est pas de la balkanisation, mais plutôt de l’implosion du pays, ce qui est différent. La balkanisation est une décision imposée par une autorité supérieure, tandis que l’implosion survient de l’intérieur, à mesure que les différentes régions du pays deviennent économiquement dépendantes de l’étranger », a déclaré le Professeur Ndaywel, directeur général de l’Institut congolais d’études avancées (ICEA).
Il illustre cette situation par plusieurs exemples :
* À Lubumbashi, l’approvisionnement en farine dépend majoritairement de la Zambie.
* En Ituri, les ressources alimentaires et autres biens proviennent de l’Ouganda.
* À Goma, l’économie est fortement liée au Rwanda.
* Dans le Kwango, la population se tourne vers l’Angola.
* À l’ouest du pays, l’utilisation du franc CFA est courante, au détriment du franc congolais.
Cette fragmentation économique affaiblit la souveraineté nationale et accentue la vulnérabilité du pays face aux ingérences extérieures.
Les rébellions et la sémantique des conflits armés en RDC
Au cours de son intervention, le Professeur Ndaywel a également abordé la question de la sémantique des conflits en RDC, en expliquant les différences entre révolte, guerre, mutinerie et rébellion.
* Une révolte provient généralement du peuple : ouvriers, travailleurs, chefs coutumiers, etc.
* Une mutinerie concerne spécifiquement un soulèvement au sein des forces armées.
* Une rébellion s’inscrit dans une dynamique plus organisée, souvent avec des soutiens extérieurs.
Il souligne que ces différentes formes de contestation ont jalonné l’histoire contemporaine de la RDC, alimentant l’instabilité persistante dans le pays.
La résurgence du M23 et les tensions régionales
L’un des points centraux de la conférence a été la résurgence du mouvement terroriste du 23 mars (M23), qui était officiellement dissous en 2013. Le Professeur Ndaywel a expliqué que ce retour est le résultat d’un conflit d’intérêts entre l’Ouganda et le Rwanda.
« Lorsque le Président Félix Tshisekedi arrive au pouvoir, il adopte une politique bienveillante envers ces deux pays. Toutefois, le Rwanda estime que l’Ouganda a reçu plus d’avantages. De plus, Kigali n’a pas apprécié l’adhésion de la RDC à l’East African Community (EAC) sans son aval. Cette adhésion a permis à la RDC d’accéder à des exonérations fiscales sur ses exportations, ce qui a contrarié le Rwanda », a-t-il expliqué.
Selon lui, ne souhaitant pas entrer en conflit ouvert, le Rwanda et l’Ouganda ont trouvé un terrain d’entente en s’opposant tous deux à la RDC. Cette offensive a débuté le 13 juin 2022 par la prise de Bunagana, marquant ainsi une nouvelle escalade de la crise sécuritaire à l’Est du pays.
L’Institut congolais d’études avancées (ICEA), un acteur clé de la recherche en RDC
Créé en octobre 2024, l’Institut congolais d’études avancées (ICEA) est une institution privée dédiée à la recherche et à l’innovation sur le Congo dans une perspective de renaissance africaine. Ses domaines prioritaires incluent :
* L’éducation et le développement du capital humain
* Les dynamiques politiques et économiques
* L’histoire et la géopolitique de la RDC
L’ICEA ambitionne de fournir des analyses approfondies et rigoureuses pour éclairer les décisions politiques et stratégiques du pays.
L’intervention du Professeur Isidore Ndaywel met en lumière une réalité préoccupante : l’implosion progressive de la RDC sous l’effet d’une dépendance économique extérieure accrue et des conflits régionaux.
Si la balkanisation reste une crainte souvent évoquée, c’est bien l’affaiblissement structurel de l’État qui constitue la menace la plus pressante.
Face à cette situation, des initiatives comme celles de l’ICEA sont essentielles pour mieux comprendre ces enjeux et proposer des solutions adaptées à la préservation de l’intégrité et de la souveraineté de la RDC.
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Tiré de Mediacongo.net