Kinshasa, 7 mai 2025 ( New-messager-de-la-paix.net)
Tribune de Dieudonné MIRIMO MULONGO, SGAF de École de Formation Électorale en Afrique Centrale (EFEAC), Expert des questions électorales
Publiée sur New-messager-de-la-paix.net
Introduction :
Une élection hors du commun au cœur du Vatican
Alors que le conclave s’ouvre ce mercredi 7 mai 2025, l’attention mondiale se tourne vers le plus petit État du monde : le Vatican. Véritable cœur spirituel de l’Église catholique romaine, cette enclave de 44 hectares située à Rome est le théâtre d’un événement électoral unique en son genre, à la fois solennel, secret et hautement symbolique : l’élection du souverain pontife.
Le Vatican : entre pouvoir spirituel et diplomatie mondiale
Depuis les Accords du Latran de 1929, le Vatican est reconnu comme un État indépendant. Il est juridiquement divisé entre le Saint-Siège (entité spirituelle) et l’État de la Cité du Vatican (entité temporelle et politique).
Le pape, chef de l’Église catholique, y exerce un pouvoir diplomatique écouté par 1,4 milliard de fidèles et redouté dans les sphères politiques mondiales.
1. Qui élit le pape ? Le Collège des cardinaux
En 2025, le corps électoral se compose de 135 cardinaux électeurs sur un total de 252, répartis ainsi :
Europe : 53
Asie : 23
Amérique du Nord et Centrale : 20
Afrique : 18
Amérique du Sud : 17
Océanie : 4
Seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans avant l’ouverture du conclave sont autorisés à voter.
2. Conditions d’éligibilité : aucun candidat déclaré, aucun programme
L’élection papale est unique : aucun nom de candidat, aucun programme politique, aucune campagne électorale et pas de contentieux des candidatures ni des résultats,
Parmi les cardinaux électeurs, certains sont appelés « papables » — pressentis pour être élus — mais aucun ne se déclare.
3. Un système électoral ancestral : l’héritage des réformes grégoriennes
Depuis le décret In Nomine Domini (1059) et le Concile de Latran (1179), seul le Collège des cardinaux peut élire le pape, et ce, à la majorité des deux tiers. Le mandat papal est à vie, sauf démission volontaire.
4. Conclave : un huis clos sacré et inviolable
Le terme conclave vient du latin cum clave (« fermé à clé »). Cette pratique, instituée en 1274, garantit la liberté de l’Église face aux pressions extérieures.
Les cardinaux sont totalement isolés à la Maison Sainte-Marthe et votent dans la chapelle Sixtine. Aucun téléphone, média, ni correspondance n’est autorisé.
5. Mode et déroulement du scrutin : le secret absolu
La procédure est régie par la constitution apostolique Universi Dominici Gregis (Jean-Paul II, 1996). Le vote s’effectue à bulletin secret.
Étapes clés :
Une messe solennelle à Saint-Pierre précède le vote.
Les cardinaux prêtent serment de respecter les règles.
Un seul vote a lieu le premier jour ; quatre votes par jour ensuite (deux le matin, deux l’après-midi).
Une fumée blanche indique l’élection d’un nouveau pape ; noire s’il n’y a pas de majorité.
Règles spécifiques :
Aucun bulletin ne doit porter l’écriture habituelle du cardinal.
Le camerlingue vérifie l’absence de dispositifs d’espionnage et conserve les procès-verbaux.
Après chaque tour, les bulletins sont brûlés.
6. Si l’élection tarde : pauses spirituelles et méditations
Si, au terme de quatre jours de vote, aucun candidat n’atteint les deux tiers :
Les scrutins sont suspendus pour une journée de prière et méditation.
La séquence peut être répétée jusqu’à trois fois, avec sept votes supplémentaires à chaque reprise.
Ces moments sont guidés par les cardinaux doyens selon l’ordre hiérarchique.
7. L’annonce officielle : un moment d’histoire
Une fois la majorité atteinte, le doyen demande :
« Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ? »
Si le cardinal élu accepte, il choisit alors son nom de règne. Il revêt ensuite la tenue blanche, en hommage au pape Pie V, marquant le début de son pontificat.
Conclusion : une élection au croisement de la foi et de l’histoire
L’élection du pape est bien plus qu’un acte administratif. Elle conjugue foi, tradition, droit canonique et stratégie géopolitique. Le conclave de 2025 s’inscrit dans cette continuité séculaire, scrutée par le monde entier, et incarne une leçon rare de gouvernance fondée sur le silence, la prière, et le consensus.
Dieudonné Mirimo Mulongo sur New-messager-de-la-paix.net