Devoir de mémoire de New-messager-de-la-paix.net du 14 juin 2025
14 juin 1989 – 14 juin 2025 : Il y a 36 ans, s’éteignait à Louvain, en Belgique, Son Éminence le Cardinal Joseph-Albert Malula. Le 18 juin 1989, une foule immense assistait à ses obsèques à Kinshasa, dans une atmosphère à la fois douloureuse et fervente. Aujourd’hui encore, son souvenir demeure vivant dans le cœur du peuple congolais et au sein de l’Église universelle.
Un pasteur hors du commun au cœur de son peuple
Né le 17 décembre 1917 à Léopoldville, Joseph-Albert Malula est le cinquième d’une fratrie de huit enfants. Remarqué dès l’enfance par le père Raphaël de la Kethulle, » Tata Raphaël « , il est envoyé au petit séminaire de Mbata Kiela, avant de poursuivre ses études au grand séminaire de Kabwe.
Ordonné prêtre le 9 juin 1946, il s’illustre rapidement par son intelligence vive, son amour de la vérité et sa profondeur spirituelle.
En 1959, il est nommé évêque auxiliaire, à la veille de l’indépendance du Congo. Cinq ans plus tard, en 1964, il devient Archevêque de Kinshasa — premier Congolais à occuper cette fonction — et en 1969, il est créé cardinal par le pape Paul VI, devenant ainsi le premier cardinal congolais. Pendant vingt-cinq années, il dirigera l’Église de Kinshasa avec une énergie pastorale remarquable, dans un contexte politique et social tumultueux.
Le pionnier de l’africanisation de l’Église
Le cardinal Malula est reconnu comme l’un des pères fondateurs de l’Église africaine contemporaine. Il a été l’architecte du rite zaïrois, expression liturgique enracinée dans la culture africaine, et l’un des promoteurs les plus actifs de l’africanisation du christianisme, refusant que la foi soit synonyme d’aliénation culturelle.
Sa vision d’une Église proche du peuple, enracinée dans les réalités africaines, le place comme un véritable père de la patristique africaine moderne.
Son confrère, Monseigneur Jean Zoa du Cameroun, le qualifiait d’« un des plus grands de ceux que ce siècle aura produits sur notre continent », et le Cardinal Laurent Monsengwo le considérait comme un « géant de l’histoire du Zaïre et de l’Afrique ».
La voix des sans-voix face à la dictature
Figure prophétique, le cardinal Malula ne s’est jamais tu face à l’injustice. Dans les années 1970, il entre en conflit ouvert avec le régime autoritaire de Mobutu Sese Seko.
Il dénonce le culte de la personnalité, les dérives morales et les atteintes aux droits humains. Il est appelé Rome en 1973 par le Pape où il y reste jusqu’à la normalisation du climat. Mais alors, même éloigné physiquement, il continue de porter la voix des sans-voix et de défendre les valeurs de justice et de dignité humaine.
Bâtisseur d’avenir et formateur d’élites
Homme de vision, Malula a fondé des institutions destinées à pérenniser son œuvre : des séminaires (Jean-Marie Vianney, propédeutique, philosophie, théologie), des écoles, des œuvres sociales comme l’hôpital Saint Joseph, et une congrégation religieuse des Sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant de Kinshasa, communément appelées les Sœurs Theresiennes ».
Il voyait dans la formation des prêtres un levier fondamental pour bâtir une société nouvelle : « Je veux un clergé spirituellement solide, intellectuellement fort et pastoralement engagé », disait-il.
Sa devise, « In Caritate » — « Dans la Charité, l’Amour » — résume son idéal : tendre sans relâche vers l’excellence au service de Dieu et des hommes.
Un héritage vivant
En juillet 2010, le gouvernement congolais l’a proclamé héros national, à l’occasion du 50e anniversaire de son épiscopat et du 20e anniversaire de sa mort. Sa crypte à la Cathédrale Notre-Dame du Congo et le musée qui lui est dédié à Limete sont devenus des lieux de mémoire vivants pour les générations actuelles.
En ce 36e anniversaire de sa mort, l’Église de Kinshasa et le peuple congolais commémorent son héritage à travers des messes d’action de grâce et autres
Joseph-Albert Cardinal Malula n’a pas été seulement un homme d’Église. Il fut un guide, une conscience morale, un bâtisseur d’avenir et un patriote. Son œuvre nous interpelle encore aujourd’hui : quelle Église voulons-nous pour notre peuple ? Quel pays voulons-nous pour nos enfants ?
Son exemple nous rappelle que la foi ne se sépare jamais de la justice, que la parole de Dieu doit éclairer la cité, et que le courage spirituel peut faire plier même les régimes les plus durs.
36 ans après, le Cardinal Malula continue de nous parler. Écoutons-le. Imitons-le. Honorons-le.
New-messager-de-la-paix.net/Anne Raïssa Kangamotema
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