Le cardinal Joseph-Albert Malula, figure prophétique de l’Afrique postcoloniale, Tribune devoir de mémoire de New-messager-de-la-paix.net ,
Kinshasa, 14 juin 2025,-( New-messager-de-la-paix.net)- 36 ans après sa mort, le cardinal Joseph-Albert Malula continue de hanter nos mémoires et d’inspirer les esprits libres. Figure majeure du christianisme africain, ce prélat congolais fut bien plus qu’un homme d’Église : il fut une conscience éveillée, un résistant au nom de la foi, un pionnier de l’inculturation théologique et de la dignité africaine.
Deux épisodes, trop souvent passés sous silence, résument à eux seuls la portée historique et prophétique de son combat.
I. 1956 : Le Manifeste de la Conscience africaine – Le cri d’un peuple à genoux qui se relève
Le 26 mars 1956, un texte révolutionnaire paraissait dans Présence Africaine. Signé par de jeunes intellectuels catholiques congolais, dont l’abbé Joseph-Albert Malula, le Manifeste de la Conscience africaine sonnait comme un appel puissant à la libération.
Dans un Congo encore sous tutelle coloniale belge, ce texte dénonçait la domination, le paternalisme missionnaire, et appelait à une Église enracinée dans la réalité africaine, solidaire de ses peuples, porteuse d’une théologie qui parle la langue du cœur noir.
À contre-courant d’une Église trop souvent complice du statu quo colonial, Malula y défendait une foi vivante, non aliénante, capable de reconnaître que le salut chrétien passe aussi par la réhabilitation de la dignité de l’homme africain.
Ce manifeste anticipait déjà les grands courants de la théologie africaine de la libération et de l’inculturation. Il annonçait la rupture : celle d’une Afrique chrétienne qui ne veut plus seulement recevoir la foi, mais aussi la penser, la vivre, la proclamer à partir de son génie propre.
Pourtant, ce texte fondamental reste absent des récits officiels. Il mérite d’être redonné à la jeunesse africaine comme l’un des actes de naissance de la pensée décoloniale chrétienne. Joseph-Albert Malula n’y parlait pas en prélat, mais en fils du continent meurtri, en éclaireur du relèvement spirituel.
II. 4 décembre 1974 : Le Golgotha de l’Église au Zaïre – Quand Malula dit non à l’idolâtrie d’État
Ce jour-là, à Kinshasa, lors d’une cérémonie publique du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), le Commissaire politique Engulu, bras idéologique du régime Mobutu, lança une phrase terrible :
« Jésus n’est pas notre Dieu. Notre Dieu, notre Sauveur, notre Messie, c’est Mobutu Sese Seko. »
En cette heure sombre, l’État zaïrois franchissait une ligne rouge : celle de la négation frontale de la foi chrétienne au profit d’un culte de la personnalité déifié. Ce fut une profanation, un blasphème, une crucifixion symbolique du christianisme au nom d’un pouvoir devenu totalitaire.
Le cardinal Malula, déjà exilé de Kinshasa en 1972 pour avoir critiqué le parti unique et le port obligatoire de l’abacost, ne se tut pas. Dans un silence plus fort que les cris, il refusa de pactiser avec cette idolâtrie politique. Il porta la croix du rejet, de la marginalisation, et demeura debout. C’est au prix de son retrait à Rome, de son isolement diplomatique, qu’il sauva l’honneur de l’Église.
Ce 4 décembre 1974 fut un Golgotha congolais. Et Malula en fut le Simon de Cyrène, portant non seulement la croix de l’Église, mais aussi celle d’un peuple pris en otage par un régime autoritaire.
Une mémoire à réveiller, un legs à transmettre
Joseph-Albert Malula ne peut être réduit à son titre de premier Cardinal congolais. Son héritage dépasse les limites de la hiérarchie ecclésiale. Il fut un prophète de son temps, un penseur radical de la liberté africaine, un résistant évangélique contre les compromissions du pouvoir.
Le silence autour de ces deux moments – 1956 et 1974 – est révélateur d’une mémoire encore incomplète.
Aujourd’hui, dans une République Démocratique du Congo en quête de repères spirituels et moraux, l’exemple de Malula est plus que jamais actuel.
À l’heure où des voix religieuses sont parfois instrumentalisées, il faut se souvenir que ce Cardinal osa dire non là où beaucoup disaient oui. Il fut un homme de Dieu, mais aussi un homme du peuple, de la vérité et de la liberté.
Pour une réhabilitation intégrale
L’anniversaire de sa mort, le 14 juin 1989, ne doit pas être une simple commémoration liturgique. Il doit devenir un temps de réappropriation historique, un moment de pédagogie nationale et ecclésiale, pour rappeler que la foi chrétienne, quand elle est authentique, est aussi politique, parce qu’elle refuse l’aliénation, l’injustice et le mensonge.
Malula, c’est la figure d’une Église debout, enracinée en Afrique, fidèle au Christ, libre face aux empires.
À l’heure des grands enjeux de souveraineté, de démocratie et de dignité humaine, que son combat éclaire notre marche.
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