Une guerre des prix qui bouleverse l’économie agricole locale
La récente installation d’une usine de fabrication de whisky et autres boissons alcoolisées à Kwenge, dans le territoire de Bulungu au sud-ouest de la RDC, a déclenché une intense compétition pour l’achat de produits agricoles essentiels, principalement le manioc et le maïs. Cette rivalité oppose les commerçants locaux aux expatriés chinois, ces derniers s’approvisionnant directement auprès des femmes cultivatrices dans les villages avoisinants.
Des véhicules inadaptés et une logistique défaillante
A en croire le correspondant de New-messager-de-la-paix.net dans la region, citant ,Jean-Paul Mukendji, l’ingénieur agronome local : » le jeudi dernier, plusieurs véhicules appartenant aux expatriés chinois se sont embourbés à 100 mètres de la Mission Catholique Djuma, sur la route menant à Mpukulu, dans le secteur Kwilu-Kimbata.
Selon cette source : « Les véhicules utilisés par les expatriés ne sont pas adaptés aux terrains difficiles. Ce sont des véhicules à scie-avant, inappropriés pour les routes accidentées de la région. »
Cette situation, au-delà du simple problème logistique, révèle l’intensité de la pression exercée sur les filières locales de production agricole.
Une flambée des prix du manioc : Opportunité ou menace ?
La forte demande initiée par les expatriés chinois a entraîné une flambée des prix du manioc. Le bassin, qui se vendait autrefois à 10 000 FC, se négocie aujourd’hui à 20 000 FC.
Pour Mme Mélanie Lwo, membre de l’Association Paysanne de Mikwi (APM), cette situation présente une opportunité inespérée :
« Avant, les commerçants locaux achetaient à bas prix, nous laissant peu de marge. Avec les Chinois, nous vendons au double du prix habituel. Cela change la donne pour nous. »
Cependant, du côté des commerçants locaux, cette montée des prix est perçue comme une concurrence déloyale qui risque de nuire à leur activité.
Les commerçants locaux dénoncent une concurrence déloyale
Les commerçants nationaux estiment que cette intervention directe des expatriés chinois auprès des cultivateurs enfreint les règles du commerce local. Ils appellent les autorités et la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) à intervenir pour réguler cette pratique.
« Si rien n’est fait, beaucoup d’entre nous risquent la faillite. Les règles du commerce doivent être respectées pour protéger les acteurs locaux », déclare un représentant des commerçants locaux.
Une solution durable à l’horizon ?
Pour éviter la pénurie de produits agricoles à Kikwit, les autorités provinciales avaient pourtant recommandé à l’usine de Kwenge de s’approvisionner dans des secteurs bien définis, notamment Pay-Kongila, Nkara, Kilunda et Mikwi. Les responsables de l’usine avaient même annoncé l’acquisition d’hectares de terres pour développer leurs propres plantations.
Cette initiative, si elle est effectivement mise en œuvre, pourrait réduire la pression sur les producteurs locaux et instaurer un équilibre dans le marché agricole de la région.
Entre opportunité économique et régulation nécessaire
La situation à Kwenge illustre les défis liés à l’arrivée d’investisseurs étrangers dans des secteurs traditionnellement contrôlés par des acteurs locaux.
Si la hausse des prix bénéficie temporairement aux producteurs, une régulation est indispensable pour éviter les tensions commerciales et garantir une économie agricole durable et équitable.
Les autorités locales et les acteurs du secteur privé sont appelés à collaborer pour trouver une solution équilibrée, qui profite aussi bien aux cultivateurs qu’aux commerçants locaux, tout en permettant aux investisseurs étrangers de poursuivre leurs activités dans le respect des normes locales.
New-messager-de-la-paix.net/Albert Mafolo/Correspond Particulier