Par Léonide Mupepele Monti, Directeur général d’ORICOP (ORIENTAL COPPER)
À l’occasion de la Journée internationale de la Terre, qui coïncide cette année avec le 10e anniversaire de l’encyclique Laudato Si du Pape François, la Commission Épiscopale des Ressources Naturelles (CERN) de la CENCO a organisé, mardi 22 avril 2025 au siège de la CENCO, une série d’interventions dans le cadre de l’atelier axé sur la formation des formateurs en écologie intégrale.
La JIT 2025 a pour thème : « Préservation de la biodiversité par la transition énergétique ». C’est dans ce cadre que j’ai eu l’honneur de prendre la parole pour exposer les enjeux liés aux minéraux critiques de la République Démocratique du Congo (RDC), notamment ceux de l’Est du pays.
Qu’est-ce qu’un minéral critique ?
Le Directeur général de l’ORICOP a défini les minéraux ou éléments critiques comme étant des matières premières jugées indispensables à la transition énergétique, aux technologies propres et aux industries stratégiques. Ils sont au cœur de la fabrication des batteries, aimants permanents, panneaux solaires, éoliennes et autres technologies vertes. Ces minéraux soutiennent aussi des secteurs majeurs tels que :
l’industrie automobile (mobilité électrique),
l’électronique grand public,
la défense et la sécurité,
l’agriculture intelligente,
les applications médicales,
et les infrastructures essentielles.
L’Est de la RDC : un trésor stratégique
L’Est de la RDC, selon l’intervenant regorge de minéraux à haute valeur stratégique. Leur rôle est central dans la révolution numérique mondiale, la transition écologique et les chaînes d’approvisionnement globales.
Parmi ces ressources figurent notamment : le béryllium, le cuivre, le lithium, le zinc, les phosphates, l’étain, le tantale (coltan), le tungstène, le niobium, l’uranium, le platine, le palladium et les terres rares.
Ces éléments sont localisés dans plusieurs provinces : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema, le Tanganyika et le Haut-Katanga. Ils sont extraits selon des modes artisanaux, semi-industriels ou industriels. Leur exploitation, si elle est mieux encadrée, pourrait transformer la RDC en acteur clé de la transition énergétique mondiale.
Des chiffres parlants sur les ressources congolaises
Le béryllium, utilisé en électronique et dans l’aérospatiale, fut extrait au Sud-Kivu avec plus de 6400 tonnes produites entre 1954 et 1971.
Le cuivre, essentiel à l’électrification, est présent au Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Maniema, avec une production artisanale active.
Le lithium, matière première des batteries, est concentré à Manono (Tanganyika) et au Sud-Kivu, avec une production déjà significative.
L’étain, le coltan (tantale), le tungstène et les terres rares sont fortement présents dans le Grand Kivu et le Nord-Katanga, avec des volumes d’exploitation élevés.
D’autres ressources comme le niobium, l’uranium, le palladium et le platine offrent également un potentiel économique énorme s’ils sont exploités de manière transparente et durable.
Enjeux et défis : entre convoitises, instabilité et pillage
Les minéraux critiques de la RDC attisent de nombreuses convoitises internationales. Leur exploitation est souvent entachée par :
des conflits armés dans les zones minières,
le manque de traçabilité,
la contrebande,
la faible redistribution des richesses,
et l’insuffisance d’infrastructures modernes.
Ces défis appellent à une réforme en profondeur de la gouvernance minière et à une implication accrue des autorités nationales, des partenaires internationaux et des communautés locales.
Pour une gestion responsable au service de la paix
Les minéraux stratégiques ne doivent plus être des sources de conflits, mais plutôt des leviers de développement, de paix et de cohésion sociale. L’initiative du Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC et dans les Grands Lacs, soutenue par les chefs religieux et les acteurs politiques, constitue une opportunité historique de transformer ces ressources naturelles en atout pour une paix durable.
Le moment est venu de bâtir une chaîne de valeur locale inclusive, transparente et éthique autour des ressources critiques. C’est aussi une voie incontournable pour restaurer la souveraineté économique de la RDC, garantir l’autonomie énergétique régionale et contribuer à l’équilibre écologique mondial.
Ensemble, arrêtons tout de suite la guerre pour commencer – toutes affaires cessantes – à construire le Congo que nous voulons, dans une région des Grands Lacs où règnent la paix et le bien-vivre ensemble.
New-messager-de-la-paix.net/Bertin kangamotema