Urbanisation sauvage et dérèglement climatique :la crue du fleuve Congo déshabille Kinshasa.

Didier Mumengi, l’historien visionnaire  avait alerté sur le danger de disparition de la capitale

Kinshasa, 6 avril 2025 ( New-messager-de-la-paix.net). Alors que la capitale congolaise vit une nouvelle tragédie hydrologique avec une crue spectaculaire du fleuve Congo aux abords de la rivière Ndjili, les paroles prophétiques de l’écrivain, historien et homme d’État Didier Mumengi résonnent avec une force troublante. Déjà, lors d’une séance publique en février 2024, il mettait en garde : « Kinshasa pourrait disparaître, engloutie par les eaux. »

Kinshasa, jadis sculptée dans un ancien astroblème, est aujourd’hui défigurée par une urbanisation anarchique et un dérèglement climatique qui s’accentue.

La ville, traversée par un réseau dense de rivières — dont Makelele, Kalamu, Matete, et Ndjili — voit ses lits naturels rétrécis, obstrués, parfois réduits à 40 % de leur taille originelle, comme c’est le cas pour la rivière Makelele. Les eaux ne trouvent plus leur chemin. Résultat : elles se répandent, dévastent, emportent.

Un avertissement ignoré, une clairvoyance confirmée

L’événement du 10 février 2024 au Musée National de la RDC, organisé autour du thème « Urbanisation sauvage et dérèglement climatique : la crue du fleuve Congo déshabille Kinshasa », n’était pas une simple conférence. C’était un cri d’alarme, une invitation à une prise de conscience collective.

Mumengi y rappelait que dès les années 1920, l’ingénieur colonial Moulaert avait créé un réseau de récupération des eaux à Bandalungwa pour les conduire vers le fleuve. Aujourd’hui, tout a été construit en désordre, effaçant ces zones tampons nécessaires à la « respiration » de la ville.

Nous avons construit sur les veines de la ville, nous avons étranglé ses poumons,” déclarait-il.

Une ville en danger de mort

Didier Mumengi soulignait que la particularité inquiétante des crues récentes tient à leur durée. Là où celle de 1961 avait duré une semaine, certaines crues contemporaines persistent pendant trois mois, un signe que la nature est déséquilibrée.

Si ces eaux montent en ampleur et tardent à disparaître, c’est la mort ou la disparition d’une ville,” avertissait-il.

Chaque décennie, Kinshasa est confrontée à des épisodes de crues plus violents, plus durables. Les conséquences humaines, sociales et environnementales sont d’une ampleur sans précédent : destructions massives, familles déplacées, infrastructures effondrées.

Les solutions de Didier Mumengi : une vision stratégique pour sauver Kinshasa

Loin de se limiter au constat, Didier Mumengi proposait une voie de salut :

* Un arrêt immédiat de l’anarchie urbaine : regrouper les intelligences urbanistiques, géographiques et climatiques pour repenser la ville.

* Un Plan Master ambitieux, capable de réorganiser les zones de construction, de restaurer les lits naturels des rivières et de créer des zones végétales protégées.

* La reconstitution des réseaux hydrologiques naturels, pour transformer les rivières en canaux d’évacuation efficaces, comme cela avait été initié autrefois.

* Un atelier national sur l’aménagement de Kinshasa, pour traiter en profondeur le problème urbanistique à l’échelle du pays.

Nous devons assumer cette ville, la regarder en face, et montrer au monde que nous sommes capables de bâtir une civilisation urbanistique digne du XXIe siècle,” martelait Mumengi.

Un appel à l’action

Le drame du week-end du 05 avril 2025 est un électrochoc. Il met à nu les failles béantes de notre gestion urbaine et climatique. Mais il est aussi une opportunité historique de rebondir, en nous inspirant de voix clairvoyantes comme celle de Didier Mumengi.

Pour Didier MUMENGI, Il ne s’agit plus seulement d’alerter. Il s’agit d’agir. Pour éviter que Kinshasa, cette ville d’eau et de mémoire, ne devienne une légende engloutie.

New-messager-de-la-paix.net/Bertin kangamotema 

Partagez l'article via

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *