Le 30 octobre 1974, la capitale congolaise, Kinshasa, accueillait l’un des combats les plus emblématiques de l’histoire de la boxe, le « Rumble in the Jungle ». Ce face-à-face mémorable opposait deux géants du ring : George Foreman, champion du monde en titre et favori, et Muhammad Ali, qui cherchait à reprendre sa couronne.
Organisé au stade du 20-Mai, aujourd’hui connu sous le nom de stade Tata-Raphaël, cet événement a non seulement attiré les regards du monde entier, mais a aussi profondément marqué la culture congolaise et africaine.
Un affrontement historique dans la capitale congolaise
Sous l’initiative du président Mobutu Sese Seko, la République démocratique du Congo, alors appelée Zaïre, a accueilli cet affrontement mondialement retransmis, un véritable spectacle dans un contexte où l’Afrique se battait pour affirmer sa place sur la scène internationale.
Le combat, tenu au milieu de la nuit pour correspondre aux horaires des téléspectateurs américains, a rassemblé environ 60 000 spectateurs dans le stade, et plus de 100 000 Congolais dans les rues, captivés par la puissance et le charisme des deux boxeurs.
Ali, le champion qui a captivé le peuple congolais
Dès son arrivée à Kinshasa, Ali a conquis le public congolais, qui scandait « Ali bomaye ! » (« Ali, tue-le ! »).
Contrairement à Foreman, qui était perçu comme distant et arrivé avec deux bergers allemands, une race associée aux colons belges, Ali a su jouer de son image pour se rapprocher du peuple.
Avec une aisance naturelle, il s’est positionné en héros africain face à son adversaire, qu’il accusait d’être en lien avec l’ancienne puissance coloniale.
Sur le ring, Ali a déjoué les pronostics grâce à sa célèbre stratégie du « rope-a-dope », attendant que Foreman s’épuise avant de lancer une série de coups décisifs.
Au huitième round, Foreman, pourtant donné favori, s’est effondré sous un enchaînement qui allait sceller la victoire d’Ali. Kinshasa a explosé de joie, marquant un moment de célébration et d’unité nationale.
L’impact durable d’un combat légendaire en Afrique et dans le monde
Le « Rumble in the Jungle » a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire. Bien plus qu’un simple événement sportif, ce combat a incarné une lutte symbolique, où Ali représentait la résistance, la fierté africaine, et la quête de justice.
Cinquante ans après, ce moment est toujours célébré en RDC, et des clubs de boxe, comme celui nommé « La tête haute de Muhammad Ali » à Kinshasa, perpétuent l’héritage du boxeur.
Ali, décédé en 2016, demeure un symbole de courage et d’engagement pour la liberté et la dignité humaine.
Ce combat, diffusé dans le monde entier, est resté gravé dans les mémoires, non seulement pour sa prouesse sportive, mais aussi pour la ferveur et le message de solidarité qu’il a suscité en Afrique et au-delà.
Le « Rumble in the Jungle » représente aujourd’hui bien plus qu’un affrontement entre deux boxeurs : il est le témoin d’un moment d’espoir et de fierté pour toute une génération africaine.
Ce 50e anniversaire réveille encore des souvenirs vibrants pour ceux qui ont vécu cet événement historique, unifiant le peuple congolais autour de la victoire de Muhammad Ali, le champion qui a su transcender le ring pour devenir une légende mondiale.
Qui était Muhammad Ali ?
Né sous le nom de Cassius Marcellus Clay, Jr., il le change en Mohamed Ali à l’âge de 22 ans après avoir rejoint l’organisation Nation of Islam en 1964 au moment de sa conversion à l’islam. Considéré comme une icône culturelle, Mohamed Ali a été à la fois adulé et vilipendé6.
Il accède à la notoriété internationale à 18 ans en remportant la médaille d’or des poids mi-lourds aux Jeux olympiques d’été de 1960 à Rome. En 1967, trois ans après avoir remporté le championnat du monde des poids lourds face à Sonny Liston, il est critiqué pour son refus d’être enrôlé dans l’armée américaine par opposition à la guerre du Vietnam en disant :
« Aucun Vietcong ne m’a jamais traité de nègre ». Mohamed Ali est arrêté et reconnu coupable de fraude. Il n’est pas emprisonné, mais dépossédé de son titre mondial et de sa licence de boxe. Il ne combat plus pendant près de quatre ans, jusqu’à ce que son appel soit finalement reçu par la Cour suprême américaine.
Surnommé The Greatest, Mohamed Ali devient le premier triple champion du monde poids lourds. Il a participé à plusieurs combats de boxe historiques.
Parmi ceux-ci, trois disputés contre son rival Joe Frazier sont considérés parmi les plus grands combats dans l’histoire de la boxe, ainsi que son affrontement contre George Foreman à Kinshasa dont il sort vainqueur par K.O. au 8e round devant environ 100 000 spectateurs, le 30 octobre 19749.
Mohamed Ali est également connu pour son style de combat peu orthodoxe pour un poids lourds, incarné par son slogan « vole comme un papillon, pique comme une abeille » et employant des techniques telles que le « Shuffle Ali », le « rope-dope », ainsi que, en amont du combat, le « trash-talking » (en haranguant ses adversaires, il mène à leur encontre une véritable « guerre psychologique » et médiatique, pour les déstabiliser).
Grâce à ses compétences et sa personnalité hors du commun, Mohamed Ali est devenu un des athlètes les plus célèbres dans le monde entier.
Élu à six reprises meilleur boxeur de l’année par Ring Magazine (un record) et intégré à l’International Boxing Hall of Fame, Ali est considéré comme l’un des plus grands boxeurs de l’histoire.
En 1999, il est couronné « Sportif du siècle » par Sports Illustrated et « Personnalité sportive du siècle » par la BBC13,14. Il est nommé sportif du XXe siècle par une assemblée de journalistes internationaux, précédant Pelé.
Il reçoit, à Berlin en mars 2005, la médaille de la paix Otto Hahn15,16, au nom de l’Organisation des Nations unies « pour son engagement en faveur du mouvement américain contre la ségrégation et pour l’émancipation culturelle des Noirs à l’échelle mondiale ». Il est décoré en 2005 de la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis17.
Au-delà de ses performances sportives, il atteint une notoriété inégalée chez un sportif par son goût du spectacle, sa personnalité provocatrice, ses prises de positions religieuses et politiques, puis son destin personnel.Il est atteint de la maladie de Parkinson à partir de 1984, qu’il expose devant le monde entier lorsqu’il allume la vasque olympique à Atlanta pour les Jeux olympiques d’été de 1996.
Il meurt le 3 juin 2016 à l’âge de 74 ans, à la suite de problèmes respiratoires
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